« L’ensemble du roman finit par être très homogène, comme une explosion à l’envers, chaque shrapnel revient des alentours où il a été propulsé pour s’assembler aux autres. » — Sébastien Vidal
Au tout début, nous lisons une succession de très courts chapitres qui abordent des sujets très disparates, cela part dans tous les sens et je dois avouer que c’est un peu déstabilisant. Ce n’est pas quelque chose de mal d’être déstabilisé, en littérature c’est plutôt bon signe. Donc les chapitres se succèdent et on n’a pas la moindre idée de l’endroit où veut nous mener l’auteur. Au bout d’un certain temps, pas trop long, on commence à faire corps avec le récit avec l’entrée en scène d’Yves Leclerc, l’agent démissionnaire. À partir de ce moment, la piste commence à être légèrement visible, on ne sait toujours pas où l’on va mais on a un chemin à suivre.
Je ne sais pas comment le dire, Eric Plamondon parvient à nous faire entrer en douceur dans la grande violence, comme une personne frileuse entre dans l’eau au début de l’été. Ensuite ça devient fou, ça devient terriblement réel et crédible. Les personnages font beaucoup pour cela. Sans jamais nous ennuyer, l’auteur nous fait découvrir le fonctionnement d’un pays, son histoire complexe, son passif, ses tabous, ses injustices. Il montre sans jamais juger la vision d’un monde essentiellement blanc, ses effets dans le territoire et sur les minorités indiennes.
L’ensemble du roman finit par être très homogène, comme une explosion à l’envers, chaque shrapnel revient des alentours où il a été propulsé pour s’assembler aux autres. On est très au-dessus d’une simple enquête, avec un mystère et des secrets enfouis à déterrer. Il y a cette approche sociétale très vaste, qui se faufile dans les strates sociales et aussi politiques, parce que le Québec ce n’est pas simple, c’est aussi le Canada qui a son mot à dire en matière Indienne.
Sébastien Vidal, Le Souffle des mots, 6 janvier 2020
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