https://doi.org/10.4000/fixxion.3428

La question de la légitimation est au cœur de 1984, la trilogie romanesque qui a fait connaître Éric Plamondon. Cela tient, d’une part, à la nature réflexive de l’un de ses axes narratifs, lequel relate la lente accession à l’écriture du protagoniste, et, d’autre part, à ce que cette trilogie est un premier roman, ce qui a incité l’auteur a multiplié les procédés de légitimation alors qu’il allait sur ses quarante ans et se demandait s’il parviendrait jamais à écrire. Dans une première partie, je montre comment les axes narratifs qui traversent les trois romans établissent une confusion croissante entre la narration et son écriture, par un jeu de reflets et d’ambiguïtés entre l’auteur et ses doubles fictifs, sur le plan énonciatif comme sur le plan diégétique. Dans une seconde partie, j’étudie comment l’encyclopédisme, le storytelling, le réseau internet, et le thème littéraire du suicide contribuent à légitimer de l’intérieur les trois romans, ainsi que le regard critique qu’ils traduisent sur la société nord-américaine, entre autres en référant à des intertextes d’Herman Melville, George Orwell et Richard Brautigan, dont l’appropriation est scénarisée.
